Des caisses forment bibliothèque. Elles sont empilées autour d’une planche posée sur des tréteaux contre la camionnette. C’est jeudi. Le ciel est dégagé, les neiges commencent à fondre sous le soleil qui sent venir les souffles de mars. Il est là, le libraire ambulant de Ceillac. Mauvais cheveux, mauvaise peau qui desquame et qui lui donne le teint gris. Il n’a pas lu tous les livres, seulement les meilleurs, sans doute les plus rares. Il parlera de peinture et de poésie, d’hommes qui vivent non loin au milieu des troupeaux ou de croupes neigeuses, écrivent sur les pierres comme sur les nuages et publient quelquefois chez un éditeur si petit que son nom nous est inconnu.
L'été, le libraire monte vers les alpages et reprend son habit de berger.
Muriel Daumal.
2 commentaires:
J'aime tellement tes mots... ta façon de les mettre ensemble... Comme j'aimerais tenir dans mes mains un livre de Muriel... Je t'embrasse!
¡¡¡Moi aussi!!!
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