Poursuite de l'oeuvre dispersée.
Jeu de piste ou jeu de l'oie sur l'échiquier des vies et des saisons.
Sans doute d’avoir tant marché, les mules sont fatiguées.
Longue fut la traversée. Mers, sables et marigots, où il fit faim, où il fit
soif.
Du message qu’elles
portaient soigneusement enroulé dans les phylactères, il ne reste que des
lambeaux dont voici encore les vestiges. Les derniers.
Et les Quinze ?
direz-vous. Dispersés, après qu’un coup de dé les eut rassemblés, ils ignorent
tout les uns des autres, et l’auteur, ce traître, cet imposteur, ne dira rien
du projet qui lui fit jeter le cornet sur son tapis de jeu. Aux oubliettes
désormais, l’auteur. A moins qu’il ne retourne à la case départ, aussi usées
que soient ses mules. Il est long le chemin qui mènera au jardin.
Muriel
Daumal