Robe de soi(e).
Tu la voulais ta robe de soie, robe de bure, trempée à
l’encre des saisons, à la sueur des chemins. Et la voici qui papillonne,
déchirée il se peut, mais encore frémissante. « Dans l’ourlet, il y a une
pierre de jade », avait dit l’autre moi, la chance, c’était ce qu’elle
avait dit, la chance, comme un caillou dans la chaussure. Elle est tombée dans
le champ d’anémones, écrasée sous le pied d’un chasseur.
Tu les voulais
tes ailes couleur du temps. Les voici qui s’écaillent et bientôt ne poudroieront
plus que de poussière, à peine soulevées par le vent.
Je la voulais
ma robe de moi, dans son jus, sa splendeur, et je la porte au-delà de ma voie.
Muriel Daumal. Avril 2013