Au cours de tout ce temps, le fil aurait pu rompre, Ariane, que faisais-tu ?
* * *
Quinze, série de quinze petits formats qui partiront par la poste, collages, couture machine et main, soies teintes par fermentations végétales.
Les Quinze.
Certes, tous n’avaient
pas lu Tlön, Uqbar, Urbis tertius et tous ne se connaissaient pas. Les uns ne
doutaient pas d’en être. Les autres se demandaient comment le hasard les avait
désignés ou plutôt leur avait assigné cette place qui désormais serait la leur,
ici, parmi les Quinze.
Trois dés d’ivoire dans
un gobelet de corne. Trois combinaisons : 3, 6 ,6 ou 4, 5, 6, ou encore 5,
5, 5. En soi déjà tout un prodige.
Rien ne les avait
rassemblés à ce jour sinon ce coup de dés.
Cinq d’entre eux étaient
la mémoire des pierres, neuf autres l’ombre de l’épée et celle du vent, les
sentiers qui bifurquent, cet air de tango gisant sur les trottoirs de Buenos
Aires et le quinzième le parfum de la trahison.
Qu’importe ? Les
voies ne sont-elles pas impénétrables ?
Ils recevraient tous
l’héritage : à chacun un coupon rescapé du naufrage, et le fragment d’une
carte, peut-être un continent.
Certes, tous n’étaient
pas des arpenteurs de Babel l’incommensurable, mais voilà que le sort en
faisait les dépositaires de coordonnées qui échapperaient aux satellites, aux
grands calculateurs.
C’était cela. Parmi
tous les possibles, ceux-là n’étaient pas des calculateurs, voilà ce que le
gobelet disait. Et leur tâche à présent serait de retrouver le continent.
Muriel Daumal. 1er janvier 2013
1 commentaire:
J'ai failli attendre.
(Jacqueline Bisset à JP Belmondo)
http://coupdedes.com/
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