(Série d'une centaine de petits formats 6,5 x6,5, monotypes et techniques mixtes, montés en accordéon sur tarlatane et ... dispersés auprès des amis pour célébrer l'an dix.)
Et c'est à la lecture de Bonnefoy que je dois ce passage d'Adèle, les chemins... qui date de 1983.
(Gabriel a échoué dans un bar orné de fresques, la Sybille.)
"Il avait bâti en Espagne des itinéraires tracés par ses lectures, à Tolède, ou au Prado, il eut encore la certitude qu’un regard tourné vers un lieu absent du tableau comme on lit au-delà d’une image, comme par une ligne on préfigure l’infini, s’insinuait dans sa mémoire.
A la Sybille, la fresque s’effacerait avec le temps, déjà elle se perdait dans les taches verdâtres qui ajoutaient des perspectives aux lieux que son auteur avait choisis. Une fente s’était ouverte qui donnait l’illusion d’un paysage dont l’horizon courait juste à hauteur des hanches de la Sybille. Là-bas, une femme inconnue marchait vers une ville effondrée que Gabriel voyait en songe dans les cratères du salpêtre, et l’air chargé de sable vibrait pulvérulent sur les ruines décollées des collines. Gabriel avait le souvenir d’y avoir perdu le souffle. Il cherchait une femme vêtue de transparence et qui disparaissait à la limite des paysages. Il s’était demandé pourquoi l’errance conduit toujours aux lieux où l’on s’atteint soi-même d’extrême nostalgie, comme en un point fixé d’avance par des dieux jusque-là muets, qui se contentent de boire quand ils ont soif et d’être courroucés. Il était triste infiniment."
A la Sybille, la fresque s’effacerait avec le temps, déjà elle se perdait dans les taches verdâtres qui ajoutaient des perspectives aux lieux que son auteur avait choisis. Une fente s’était ouverte qui donnait l’illusion d’un paysage dont l’horizon courait juste à hauteur des hanches de la Sybille. Là-bas, une femme inconnue marchait vers une ville effondrée que Gabriel voyait en songe dans les cratères du salpêtre, et l’air chargé de sable vibrait pulvérulent sur les ruines décollées des collines. Gabriel avait le souvenir d’y avoir perdu le souffle. Il cherchait une femme vêtue de transparence et qui disparaissait à la limite des paysages. Il s’était demandé pourquoi l’errance conduit toujours aux lieux où l’on s’atteint soi-même d’extrême nostalgie, comme en un point fixé d’avance par des dieux jusque-là muets, qui se contentent de boire quand ils ont soif et d’être courroucés. Il était triste infiniment."
M.Daumal, Adèle les chemins.
2 commentaires:
Tous mes voeux, chère Muriel !
Je "passe" parfois vers ton blog et en ressors toujours ragaillardi !
Beaucoup regardé et aimé tes dessins "publiés" en décembre.
Tous mes voeux encore. Jacques P.
Merci. J'adore... :o)
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