vendredi 20 février 2009

l'autre versant

des chalmettes. 20x15.
... et peut-être, cette fois, aller voir l'autre versant...

mercredi 11 février 2009

"il croyait que tout devait pouvoir se mesurer en quelques pas."

Evelyne Cail chez Alain Paire.
du 22 janvier au 5 mars.
www.galerie-alain-paire.com






des Chalmettes, en arrivant sur Rioufenc. Croquis 20x15.







Marcheur exténué Lenz traversa la montagne.





" ... aussi loin que le regard allait, rien que des sommets dont descendaient de larges surfaces, et tout était si silencieux, gris, crépusculaire. Pour lui tout devint solitude effroyable ; il était seul, tout seul. Il voulait se parler à lui-même mais il ne pouvait pas, il osait à peine respirer, tendre son pied sonnait comme le tonnerre sous lui ; il dut s'asseoir. Une peur sans nom le prit dans ce rien, il était dans le vide."



Georg Büchner. LENZ. Trad de G.A.Goldschmidt.



mercredi 4 février 2009

et rester en suspens sur l'écriture des lieux.


Evelyne Cail à la galerie Alain Paire
22 janvier - 5 mars 2009
http://www.galerie-alain-paire.com/







MD. col albert depuis les chalmettes-bois noir. croquis 20x15. 2008.

Pour remonter vers des vallées que verrouillent des chaos de marbres verts veinés de mauve, il faut suivre l’entêtement des eaux, la dure transparence des passages qu’elles arasent dans la patience des saisons. Parfois, ce n’est pas l’eau qui sourd du saillant des ardoises mais la racine d’un cembro rouge, au tronc terreux, comme frotté de sil. De terrasse en terrasse, les pins enserrent des éclats d’orgues qui s’élèvent vers les cimes où tremble le panache toujours poudreux des neiges inaccessibles. A certaines heures, c’est le rocher qui semble s’éclairer de l’intérieur d’une lumière opale à peine rehaussée par la blancheur du voile qui peu à peu se déchire en accrocs à ses dents, ses éperons, ses ergots, pour finir en lambeaux sur des pentes si raides qu’elles seront à jamais murailles, livrées au seul écho des aigles. De l’autre côté, sur le feuillet des dalles, au-delà du col où par deux fois, déjà, son pied se déroba, c’est l’Italie. Ana grimpe dans le silence. Elle suit le pas de ceux qui songèrent avant elle qu’il y a derrière les sommets une autre pente, comme il y a une autre rive, un appel qui impose au marcheur une nécessité qui ne se compte pas toujours en années de misère. Partir ne signifie pas chaque fois fuir. Certains ne s’arrêtèrent pas aux mollesses des prairies, à la douceur concave, rabotée jusqu’au pied des moraines, et poursuivirent encore, au-delà des diadèmes cruellement posés sur les fronts des rochers. Qu’allaient-ils donc chercher ces transhumants, les mains gantées de loques, les pieds chaussés de peaux, éclatés sous les ongles ? Quelle rage, quel désir en ceux-là que ne retint jamais en leurs cercles ultimes le tracé des frontières ? Déjà, sur des lignes de crête, au-dessus des vallées qui domptent la chevelure des fleuves, des rus, et des cours d’eaux, Ana connut l’ivresse de s’abandonner, de ne plus redescendre, de rester en suspens sur l’écriture des lieux.

muriel daumal. La Paix d'Izri, récit poème (extrait) 2003.





dimanche 1 février 2009

evelyne Cail chez Alain Paire


Exposition Evelyne CAIL
du 22 janvier au 5 mars 2009.
Galerie Alain Paire, 30 rue du Puits neuf. Aix-en-Provence
04 42 96 23 67

mailto:galerie-alain.paire@wanadoo.fr
http://www.galerie-alain-paire.com/


Quand les oiseaux s’absentent…

Cela devrait être un bruissement, d’ailes et d’eaux, le chuintement de l’écume aux marges de l’estran, le cri des fous, peut-être, s’ils viennent jusqu’ici, et, cependant, où les matières croisent le jusant, c’est le silence.
Comment savoir si ce sont les oiseaux d’Evelyne Cail que le visiteur qui pousse la porte de la Galerie Alain Paire regarde ? Ils sont là, certes, ils font signe, cols déployés qui brisent en oblique non pas les horizons de cobalt, de terres ou d’outremer, mais les multiples plans que l’œil, accompagné, traverse. Passeurs, les oiseaux. Car il ne suffit pas de dire « lumière », « reflet » ou « transparence » pour rendre compte des huiles et des pastels d’Evelyne Cail. Quelle langue faut-il parler qui ne soit à la fois mystère et lieu commun ? Pour que la lumière soit, comme une évidence, encore faut-il qu’elle touche sa limite, le seuil qui la retient et donne sa profondeur aux paysages étales. Aussi, les oiseaux, peut-être simples graphes griffés de bruns souples ou nerveux, accomplissent-ils ce que l’œil seul ne saurait voir sans se noyer. Et quand les oiseaux s’absentent, demeure une trouée.
Les huiles tendent vers un point d’équilibre, qu’on sent sans cesse déplacé, mais à cela s’ajoute quelque chose. Il ne devrait pas être indifférent au visiteur de percevoir les choix que la galerie a opérés dans son espace. Lorsque le visiteur se tourne vers les grandes huiles, sans doute adopte-t-il le point de vue des oiseaux qui conversent dans son dos. Alors, porté par ce langage où s’entrechoquent les becs, il lui est possible de prendre la mesure des plans mis en abyme. Tournoie-t-il lui aussi ? Toujours est-il qu’il serait vain de rechercher un point focal, même quand les eaux convergent.
Dans les grandes huiles, donc, « Clarté » vient au regard. Des pâtes qu’il serait trop simple de dire grises et solides s’étirent ou bourgeonnent à l’opposé de l’ombre. Des pâtes, oui, or ici tout est liquide et tout est décanté.
Décantation est donc le mot qui émerge, celui que le visiteur se risque à prononcer quand, tout au fond de la galerie, il découvre, comme un trésor de purs pigments que la vague déposerait à ses pieds, deux petits pastels au format horizontal très allongé. Retrouve-t-il pour recevoir enfin la simple splendeur des choses –l’écume, la mer et l’horizon- les yeux de son humaine condition ?

Muriel Daumal. 30 janvier 2009.



e. Grosholz (suite)... Alain Madeleine-Perdrillat

Il est des politesses qu'il serait sage pour moi d'apprendre. Le texte d'Emily Grosholz nous parvient dans une traduction discrète, limpide et magnifique d'Alain Madeleine-Perdrillat. S'il m'est permis d'en reproduire ici un extrait, ne boudons pas notre plaisir :

Mon ami, il me semble que nous sachions enfin
Que nous ne serons plus ici très longtemps.
Ayant franchi la montagne des cent années,
Nous en avons gagné la face sombre. Contre nos visages
Borée retombe, qui souffle le rien.

Leaves/ Feuilles. Huit poèmes d'Emily Grosholz traduits par Alain Madeleine-Perdrillat. William blake and Co. édit.
Conçu comme un livre d'artiste, le volume est en accordéon, on effeuille au verso des poèmes des... aquarelles (?) de Farhad Ostovani.

un lien

si, d'aventure, vous visitiez ces lieux, distrait, que ce lien indiqué sur la droite
http://www.galerie-alain-paire.com/
ne vous échappe. Et si, par bonheur, vous veniez à flâner à Aix-en-Provence, sachez qu'un lieu réel vous accueillera, plus fidèlement que toute image virtuelle.