samedi 31 janvier 2009

emily grosholz


Ces premiers vers du beau recueil publié chez William Blake and Co :


My friend, it seems as if we know at last

We won't be here much longer.

Crossing the mountain of a hundred years

We've gained the shadow side. Against our faces

Boreas falls, the breath of nothingness.


Leaves.


mercredi 28 janvier 2009

corps montagne


Supprimer la couleur, je m'y étais contrainte. Elle me venait comme une facilité... or voici que la couleur me fuit. Ecraser craies et pastels trois heures durant pour n'obtenir qu'un gris sale, pulvérulent, désespérant. Demain, ou plus tard, immerger le papier, peut-être y retrouver quelques traces.
Alors, replonger dans des travaux antérieurs, comme cette encre sur papier où le geste, longuement contenu, avait paru si simple et si rapide...

lundi 26 janvier 2009

hommages


En attendant un frémissement dans ce moment de "frilosité" (ou de fermentation, comment savoir ?) des travaux anciens.


Petits formats. Personnages d'une mythologie personnelle, mais très commune, appartenant à la peinture, l'histoire, la littérature. Les écritures associées aux éléments issus de la culture espagnole sont des reproductions de fragments de l'introduction à la grammaire espagnole de Nebrija (1492). La langue s'y présente clairement comme un époustouflant instrument idéologique au service de l'empire. Hommage donc aussi à ceux qui ont su déserrer l'étau.


Série de 10 collages papier de soie + acrylique sur papier recyclé. 15X15. Présentés dans expo collective lors du bicentenaire du Lycée Thiers, Marseille, en 2002. L'hommage à Gauguin, non montré ici, appartient à une coll. part.

vendredi 23 janvier 2009



Montagne. Fantôme de signe. Corps présent dont je perçois la transparence. Cette immatérialité des pierres, parfois, sous certaine lumière. Suis déchirée entre le désir d’aller et celui de rester à distance. Pour voir.
Arriver au bout de la forme.

Barbarie de mon enfance ? Non. Plus loin, lieux de lutte et de recueillement.
Je m’enfonce, m’éloigne, me semble-t-il sur un chemin qui tout à coup paraît être le mien, et je reconnais ces lieux du dedans.
Montagnes corps. Corps montagnes. Reliefs, chaos, ossatures, cadavres de la terre, sans doute, où il y eut un peu de chair. Parfois sanglots au bout du pinceau.
Empreintes. Travailler vite, très vite. Ne pas penser tableau.
(acrylique 100x100)

jeudi 22 janvier 2009

autres monts analogues


Souvent, j'ai songé à tracer ces chemins intérieurs qui ne mènent nulle part. Une cartographie de lointains et de crêtes, le pas lent et le regard perdu dès le matin.
(huile 50x40)

mercredi 21 janvier 2009

femmes de Pilate


En décembre 2004, je lis Le Maître et Marguerite, de Boulgakov, que ma fille vient de m'offrir. Ténèbres de la mémoire, des images se forment.
La même semaine, redescendant de la montagne de Lure, je m’arrête au Bleuet, la librairie de Banon, digne de la Babel de Borges. Il commence à neiger. Je découvre « par hasard » dans « l’imaginaire » de Gallimard, un Caillois dont j’ignorais jusqu’au titre, Ponce Pilate. Coïncidence avec la mise en abyme de Boulgakov. La femme de Pilate, celle qui doute, me bouleverse.
En quatre jours, ces deux textes m’ont envoyé comme la foudre ces quatre visages de femmes. Figures du doute qui se présente en rêve, images inspirées, citations détournées de grandes peintures religieuses enfouies dans la mémoire, visages absents qui sont les seuls à "poser la question".

(série de 4 pastels secs, chacun de 50x40)

lundi 19 janvier 2009

branchages d'hiver

Lever le moins possible le crayon, et pourtant trouver le geste ascendant. Se perdre dans le lacis et démêler... démêler la voix intérieure.

dimanche 18 janvier 2009

au-delà des cols...



En 1966, j’étais une très jeune fille. Entre ce qui s’appelle Canet-Plage et Saint Cyprien et qui n’était encore qu’une côte de sable bordée de roseaux, un vieil homme, en pantalon de velours comme en avaient les portefaix de Marseille et tous les paysans qui passaient restanques et bancaus au râteau pour en ôter les pierres, m’avait accompagnée le long de l’eau. Mon espagnol d’alors était aussi rudimentaire que son français, nous nous comprîmes. Il marchait un peu courbé, croisant dans le dos ses mains qui paraissaient encore terreuses. Elles étaient lustrées, comme poncées par de minces silices, dans les endroits que ne creusaient pas les rides. Chacun connaît cette attitude de l’homme qui a lâché l’outil et marche désoeuvré. Le pas est long et pourtant lent, il pèse sur l’horizon. Des images identiques, il en traîne dans la mémoire de ma génération. Déjà pour nous elles jaunissaient quand nous étions enfants, déjà elles allaient en s’effaçant dans l’album qu’une grand-mère ou une vieille tante feuilletaient en hésitant, que seront-elles dans une ou deux générations ? Il traîne également des bêtes et des attelages, et des enfants à l’air hagard qu’on venait de peigner, mouillant un peu leur chevelure, peut-être la gominant, juste pour la photo.
L’homme me montra quelques piquets de bois rongés de sel et sur lesquels des restes de barbelés s’étaient comme incrustés. On était là. Nous étions là. On nous avait donné des couvertures et on creusait le sable pour se protéger du vent d’autan. On était dans un camp, tu le crois ? Un camp sur cette plage. D’ici, on entendait les bruits de l’aviation et même les bombardements.
L’homme avançait toujours, et moi je le suivais. Plus loin, il désigna une cabane faite de roseaux dont la base était fichée dans un mortier de chaux. Au bout de quelque temps, on a fait des cabanes comme ça... il faisait froid.
L’homme parlait peu. Je devais deviner.
Du doigt, j’avais pointé Cerbère. Vous n’êtes jamais retourné ? Et son regard m’avait suffi alors.
Moi, je n’étais encore jamais allée là-bas et cet exil me tourmentait.
Depuis, j’avais vécu avec un peuple de fantômes, ils ressemblaient à ce vieil homme courbé qui avait dû aussi me réciter quelques vers en regardant la côte, les yeux mouillés. Ces fantômes défilaient, vêtus de couvertures, j’entendais leurs murmures et je scrutais leurs yeux. Certains se tenaient en lisière, aux confins d’une côte, aux dernières marches d’un col qu’il suffisait de franchir et j’attendais de les faire passer. (carnets 2008)

monts analogues


Cette nuit je saurai si le liseré qui borde les sommets est une frange de neige ou un front de calcaire rongé par les gelées.

(extrait de Miramont).

samedi 17 janvier 2009

arbres...


ne jamais voir que le fantôme des choses... recommencer encore, être hanté.

dimanche 11 janvier 2009

Esparron.


Eliminer la ligne, le contour, ne jamais lever le crayon. Difficile de photographier les gris du graphite.